lundi 4 mai 2009

L'ombre en fuite


L'ombre en fuite

De Richard Powers (USA)


On peut réaliser une feuille de diverses façons. La plus simple consiste à partir d'une figure élémentaire. Il s'agit plus exactement de cordioïdes, d'épicycloïdes à trois arches et de folium. De limacons de Pascal. La géométrie dans le plan produit ce genre de courbes depuis près de deux siècles....

Voici un exemple des descriptions qui vous attendent sur des dizaines de pages dans ce livre. Le livre est divisé en deux parties. Ou plutôt en deux histoires indépendantes qui forment au final un tout.

Dans la première partie on suit Adie qui rejoint une équipe de scientifique qui travaille sur un programme virtuel, la "Caverne". Un univers virtuel dans lequel elle pourra remodeler et recomposer des oeuvres d'artistes.

Dans la deuxième partie, on suit Martin. Il est enlevé par des islamistes à Beyrouth et enfermé dans une cellule pendant plusieurs années. Martin tentera de se raccrocher à ses souvenirs pour essayer de garder la raison.

A travers ces deux histoires qui à première vue n'ont rien en commum, Powers imagine un roman ardu à lire. Autant la partie sur la "Caverne" m'a laissé de marbre, indifférent, à cause de trop nombreuses descriptions. A moins d'être informaticien ou mathématicien, ces passages vous ennuirons. En revanche, l'histoire à Beyrouth de Martin m'a transporté. Les chapitres concernant sa captivité sont passionnants. On souffre avec lui, on espère aussi. Ces passages captivants sont de la grande littérature. Ensuite, les deux histoires se rejoignent. L'équipe d'Adie crée un monde virtuel, alors que Martin s'invente des histoires pour survivre.

Au final, il me reste un sentiment mitigé. Un roman loin d'être inintéressant à lire mais balèze à comprendre. Les nombreuses descriptions ralentissent le rythme. Un livre reservé à un public averti. Je me suis attaqué à plus fort que moi. Je l'avoue, je n'ai pas tout compris.
A vous de voir.

dimanche 3 mai 2009

Le fond des forêts




Le fond des forêts

Un chef-d'oeuvre de David Mitchell (GB)

Je ne sais pas vous, mais moi, quand je regarde la "bouille" de ce gars, j'ai le sentiment qu'il a quelque chose d'intéressant à me raconter. Je vous avez déjà parlé de cet auteur très doué. (Voir critique de "Ecrits fantômes") Je poursuis la lecture et l'étude de son œuvre avec son dernier livre traduit en France: "Le fond des forêts".
Jason Taylor, un garçon de 13 ans, atteint de bégaiement, est le héros rêveur de ce récit initiatique qui se déroule en 1982 sur une période de 12 mois. Jason essaie de réussir son entrée dans l'adolescence et ce n'est pas facile pour lui. A l'école et chez lui, Jason affronte l'incompréhension et le mépris. Pour fuir la réalité, il même sa propre existence dans un monde peuplé de visions étranges et d'animaux sauvages. Dans ses visions, Jason est un grand poète et mène une vie secrète.
Le fond des forêts est un livre sur l'adolescence. Inventif et bourré d'humour, David Mitchell joue avec les genres. A la fois chronique familiale, roman d'apprentissage à la frontière du fantastique. Alternance entre fantastique et réel. C'est ce mélange qui est formidable.
Après avoir achevé un bouquin pareil, (J'ai envie de dire œuvre d'art) je peux mourir en paix. Véritable coup de poing littéraire, "Le fond des forêts" est le livre qu'il faut lire de toute urgence. Et David Mitchell entre à grands coups de pompes dans le cercle des grands auteurs contemporains. Seul bémol, le choix de la traduction du titre. Il faut qu'on m'explique! J'ai beau réfléchir, me triturer les neurones, je ne vois vraiment pas le rapport avec la choucroute. Mais il s'agit d'un détail n'ayant guère d'importance.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai adoré. C'est un roman superbe qui plaira aux lecteurs exigeants tout en restant facile à lire. C'est ça la grande force de cet auteur. Il y a plusieurs degrés de lecture. Un auteur intelligent par son propos et d'une grande finesse d'esprit. Si vous ne devez lire qu'un seul livre cette année, c'est celui-là. Un roman poétique, personnel, (L'auteur ayant souffert lui-même de bégaiement dans sa jeunesse) et d'une grande puissance émotionnelle. Ce livre aurait pu s'appeler: un lecteur aux pays des merveilles. David Mitchell peut se la raconter, il peut rouler des mécaniques, il peut se le permettre. Car son écriture est remarquable de justesse.
Alors, lisez-le sans attendre. Puis demandez à vos amis de l'acheter. Je suis désolé mais un tel livre ne se prête pas. Un jour vous me remercierez.